Le Monde Economie (1/11/11) Les territoires, l’entrepreneuriat et l’ESS

Posted on 2 novembre 2011

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Le Dossier du Monde Economie du 1er Novembre 2011, consacré au mois de l’Economie Sociale et Solidaire. Revoir ses modèles de développement, d’entrepreneuriat, et le territoire dans tout ca?

Une économie plus sociale et plus solidaire c’est aussi une économie davantage de proximité, et le territoire alors?

Est il acteur, avec quel rôle, dans quel scénario?

Une du "Monde Economie" du mardi 1er novembre 2011.

Une du « Monde Economie » du mardi 1er novembre 2011.DR

 L’entrepreneuriat innove dans les territoires : plus collectif, répondant à de nouveaux besoins, soucieux de l’environnement.

Depuis trente ans, la création d’entreprises a connu un boom, grâce aux réseaux d’accompagnement : Adie, France Active, France Initiative, Réseau entreprendre, Boutiques de gestion. Une culture des très petites entreprises (TPE) est née, des savoir-faire se sont constitués, des outils se sont mis en place, les collectivités locales les ont accompagnés.

Sur ce terrain fertilisé, l’entrepreneuriat en économie sociale et l’entrepreneuriat social prennent racine. Au Salon des entrepreneurs de Lyon, en juin 2011, les amphis relatifs à l’entrepreneuriat social affichaient complet. Les jeunes sont inscrits dans ce mouvement. L’Etat leur donne des moyens. Il a labellisé vingt pôles « entrepreneuriat étudiant » qui comporteront un volet entrepreneuriat social.

 VOLET ENTREPRENEURIAT

Début 2011 a été lancé, à l’initiative de l’Etat et de six fondations d’économie sociale, le programme Jeun’ESS, avec un volet entrepreneuriat.

L’appel à projets a été pris d’assaut. Au-delà des jeunes, des cadres cherchent des projets professionnels ayant du sens et s’intéressent aux coopératives, aux entreprises d’insertion, aux services à la personne… L’Avise constitue depuis longtemps le premier centre de ressources de cet « entreprendre autrement ».

Depuis peu, l’Agence pour l’emploi des cadres ou l’Agence pour la création d’entreprises ouvrent des rubriques sur l’entrepreneuriat d’économie sociale et solidaire.

Ce mouvement concerne les créations ex nihilo. Le Réseau entreprendre anime le programme « Entreprendre autrement ». France Active, grâce aux ressources de la Caisse des dépôts, finance à travers le Fonds de confiance des duplications de projets locaux.

Il concerne ensuite la reprise d’entreprises saines par les salariés, cible de la Confédération générale des sociétés coopérative et participative (Scop), avec ses unions régionales.

Enfin, le développement d’entreprises sociales et solidaires bénéficie de nouveaux financements grâce au programme d’investissement d’avenir (PIA) et à des sociétés de capital investissement comme l’Ides, la société d’investissement France Active, Phitrust…

Les chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (Cress), soutenues par les conseils régionaux, sont de plus en plus actives. Cette collaboration a donné naissance à Montpellier à l’Ecole d’entrepreneuriat d’économie sociale.

De son côté, le Mouvement des entrepreneurs sociaux crée des clubs d’entrepreneurs en région pour favoriser les échanges.

Les territoires répondent à des enjeux nouveaux à travers cette biodiversité entrepreneuriale. Ils inventent une économie de proximité, non délocalisable, créatrice d’emplois et génératrice de développement durable, et répondent à des besoins sociaux. L’économie de proximité décloisonne parfois acteurs et entrepreneurs.

L’entrepreneuriat social et des PME locales collaborent. C’est ce que fait le groupe Archer dans la Drôme pour relancer le bassin d’emploi de Romans.

A partir d’entreprises sociales, il élargit son champ pour créer un pôle de coopération économique et relancer l’industrie de la chaussure. C’est l’invention d’un « entrepreneuriat territorial ».

Dans cette optique, les sociétés coopératives d’intérêt collectif (SCIC), créées par une loi de 2001, connaissent un regain d’intérêt. Ces sociétés peuvent rassembler un multisociétariat de salariés, bénévoles, fondateurs, financeurs, collectivités locales, jusqu’à 20 % du capital. Ainsi la SCIC Okhra, à Roussillon (Vaucluse), contribue au développement local en relançant une activité de pigments d’ocre.

 ECOSYSTÈMES FAVORABLES

Des entrepreneurs plus nombreux et des besoins territoriaux identifiés : pour transformer ce potentiel, les collectivités locales créent des écosystèmes favorables comme elles l’ont fait pour les TPE. L’entrepreneuriat social et solidaire est devenu un des volets des schémas régionaux de développement économique. Les régions soutiennent l’innovation sociale.

Le Languedoc-Roussillon a le système le plus intégré, avec Realis, un incubateur ; Alter’incub, une pépinière ; Réplic, pour la duplication ; l’école d’entrepreneuriat ; et Coventis, convention d’affaires. Le Mouvement des entrepreneurs sociaux pousse la proposition d’avance remboursable Oséo pour financer l’innovation sociale.

Le contexte est porteur. Après le boom des TPE, celui de l’entrepreneuriat social et solidaire ? Une chose est sûre : il est urgent d’inventer une autre économie. Donc de changer de logiciel entrepreneurial.

 Hugues Sibille, président d’Avise et vice-président du Crédit coopératif